RDC-RWANDA : les dessous de l’accord de Washington
Derrière les flashs des caméras, les poignées de main et les déclarations d’optimisme, l’accord de paix signé à Washington jeudi 04 décembre entre la RDC et le Rwanda repose sur une architecture complexe, soigneusement négociée depuis plusieurs mois sous médiation américaine. Si le texte présenté au public met en avant la réconciliation politique et la coopération économique, plusieurs éléments déterminants, parfois sensibles en constituent les véritables fondations.
Selon des sources diplomatiques, la signature n’aurait jamais vu le jour sans la pression directe de Washington, soucieux de stabiliser une région cruciale pour les chaînes mondiales d’approvisionnement en minerais stratégiques. L’administration américaine, qui cherche à sécuriser le cobalt, le coltan et d’autres minerais critiques, a poussé Kinshasa et Kigali vers un compromis.
Sur le terrain, l’essoufflement des groupes armés, la fatigue des populations et le coût politique des violences devenaient également difficilement soutenables pour les deux capitales.
L’un des secrets de l’accord réside dans le principe suivant :
plus d’ouverture économique contre moins d’ingérence sécuritaire.
Kigali obtient :
●un accès structuré à certaines chaînes d’approvisionnement minérales,
●des garanties pour sécuriser ses intérêts économiques,
●un cadre de coopération énergétique et touristique.
Kinshasa, de son côté, exige et obtient :
●un engagement ferme sur le retrait du soutien présumé du Rwanda aux groupes armés,
●une reconnaissance de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire,
●une cessation des incursions et activités hostiles.
En d’autres termes, l’économie devient l’outil principal de la désescalade.
Derrière les formulations diplomatiques se cache un enjeu majeur :
la maîtrise des minerais stratégiques de l’Est congolais.
La RDC accepte de travailler avec le Rwanda sur :
●la traçabilité et la transparence,
●l’harmonisation fiscale,
●la transformation locale,
●les zones économiques spéciales transfrontalières.
Mais en échange, Kigali s’engage à cesser toute présence ou influence indirecte dans les zones minières de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.
Selon plusieurs analystes, c’est le véritable cœur de la négociation.
Le volet écologique sur la gestion conjointe des parcs des Virunga et des Volcans n’est pas qu’un projet touristique.
C’est aussi :
●un dispositif de sécurité transfrontalière,
●un moyen de déployer des écogardes mixtes,
●un cadre permettant d’échanger des renseignements sans l’assumer publiquement.
Le Rwanda, territoire enclavé, cherche depuis longtemps à se connecter à de nouveaux corridors stratégiques. L’accord lui ouvre :
●un accès facilité au corridor de Lobito
●des voies lacustres et aériennes modernisées
●la participation à Ruzizi III et à l’exploitation du méthane du lac Kivu
Pour la RDC, cela signifie davantage de contrôle et plus d’investissements, mais aussi une interdépendance assumée, qui, selon certains critiques, pourrait réduire la marge de manœuvre souveraine du pays à long terme.
Les États-Unis ne sont pas les seuls parrains de cet accord.
L’Union européenne et plusieurs institutions financières internationales ont pesé en coulisse, conditionnant des financements à l’engagement des deux pays à coopérer sur :
●la santé publique (One Health),
●le climat,
●l’économie minérale formelle,
●les infrastructures régionales.
Derrière l’accord, se dessine donc une stratégie géopolitique mondiale : stabiliser la région pour sécuriser les investissements et les matières premières.
Si l’accord ouvre une nouvelle ère, il reste fragile. Sa réussite dépendra :
●de la sincérité des engagements sécuritaires,
●de la capacité à intégrer les communautés locales dans les projets,
●de la transformation réelle des circuits miniers,
●de la gestion politique interne dans les deux pays.
Il sied de souligner que pour la première fois depuis des décennies, Kinshasa et Kigali s’accordent sur une vision où la coopération devient plus rentable que le conflit.
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