RDC : MSF alerte sur une épidémie de choléra d’une ampleur alarmante

La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à l’une des épidémies de choléra les plus graves de la dernière décennie. En neuf mois, plus de 58 000 cas suspects et 1 700 décès ont été enregistrés, selon le ministère de la Santé. Face à cette situation critique, Médecins Sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme et appelle à une mobilisation urgente des autorités et des partenaires humanitaires pour freiner la propagation de la maladie.

Vingt des vingt-six provinces du pays sont aujourd’hui touchées, et certaines régions jusque-là épargnées enregistrent leurs premiers cas. Les inondations, les déplacements massifs de populations, l’insécurité persistante et le manque d’accès à l’eau potable ont favorisé la recrudescence des flambées. À l’approche de la saison des pluies, MSF craint une aggravation de la situation.

« La rapide propagation de l’épidémie à travers le pays nous préoccupe particulièrement. Nous redoutons de nouvelles flambées si des mesures urgentes ne sont pas prises », alerte le docteur Jean-Gilbert Ndong, coordonnateur médical de MSF en RDC.

Depuis janvier 2025, les équipes de MSF ont mené 16 interventions d’urgence dans plusieurs provinces, dont le Nord et le Sud-Kivu, le Maniema, la Tshopo, l’Équateur, Kinshasa, le Mai-Ndombe, le Haut-Katanga et le Tanganyika. Elles ont permis de soigner plus de 35 800 patients et de vacciner plus de 22 000 personnes contre le choléra.

Mais la riposte reste fragilisée par le manque de financement, la faiblesse du système de surveillance, et la pénurie de vaccins et d’intrants médicaux. La cheffe des programmes MSF au Sud-Kivu, Ton Berg, souligne que « les structures existantes ne sont pas adaptées pour faire face au choléra », appelant à une mobilisation accrue du gouvernement congolais et des acteurs humanitaires.

« Nous appelons à une action coordonnée et urgente pour garantir la fourniture rapide de soins médicaux, un accès sans entrave, et un investissement durable dans l’eau potable et l’assainissement », insiste-t-elle.

Sur le terrain, les équipes MSF doivent composer avec de nombreux obstacles : difficultés logistiques, insécurité persistante, routes impraticables, et même la fermeture prolongée des aéroports de Bukavu et Goma, qui ralentit l’acheminement des fournitures vers l’est du pays. Dans certaines zones, comme Fizi (Sud-Kivu), MSF reste quasiment la seule organisation active dans la lutte contre le choléra.

L’accès aux soins demeure également un défi pour les populations. Les longues distances, le manque de transport et les conditions sécuritaires limitent la fréquentation des structures médicales, souvent sous-équipées.

Face à cette crise sanitaire, MSF exhorte les autorités congolaises à placer la lutte contre le choléra au rang de priorité nationale et appelle à une réponse collective, durable et coordonnée, afin d’éviter de nouvelles pertes humaines dans les mois à venir.

La Rédaction