Saison des pluies : Kinshasa entre soulagement et tragédie

La capitale congolaise a accueilli ses premières pluies avec un mélange d’espoir et de crainte. Après des semaines de chaleur suffocante, l’averse tombée dans la nuit de vendredi a apporté un répit tant attendu. Mais ce soulagement n’a duré que quelques heures : inondations, routes impraticables et maisons écroulées ont vite rappelé aux Kinois la fragilité de leur ville face aux intempéries.

« Ici, une goutte d’eau suffit à rappeler la vulnérabilité de toute la capitale », souffle Clarisse, habitante de Ngaba, en contemplant ses biens emportés par un torrent boueux.

Ces dernières semaines, des travaux d’asphaltage ont pourtant été réalisés par le gouverneur Daniel Bumba, permettant à plusieurs axes majeurs de retrouver un visage plus praticable. Mais ces avancées restent dérisoires face à l’ampleur des défis. « Oui, on voit des routes neuves, mais qu’en est-il des caniveaux ? Tant qu’ils restent bouchés, chaque pluie sera une catastrophe », s’indigne un chauffeur de taxi coincé dans les embouteillages de Pompage.

Les quartiers périphériques, construits à flanc de collines ou sur des terrains instables, figurent parmi les plus exposés. Les risques de glissements de terrain et d’électrocutions y sont particulièrement élevés, tandis que des enfants continuent de jouer dans les torrents improvisés qui traversent les ruelles.

« À chaque saison, nous ramassons des corps. Ce n’est pas la pluie qui tue, c’est l’absence d’infrastructures », témoigne, amer, un agent de la Croix-Rouge.

Avec ses quelque 15 millions d’habitants, Kinshasa aborde cette nouvelle saison pluvieuse avec plus d’inquiétudes que de garanties. Tant que les réseaux de drainage et les aménagements urbains resteront insuffisants, chaque averse demeurera moins une bénédiction qu’un tragique avertissement.

Rédaction