

Trafic d’espèces : des perroquets gris sauvés des mains de braconniers à Ubundu, remis au jardin zoologique de Kisangani
Trente-cinq perroquets gris, capturés illégalement dans le territoire d’Ubundu, ont été saisis par les autorités environnementales locales. Survivants d’un trafic cruel, ces oiseaux emblématiques, menacés d’extinction, ont été transférés jeudi au jardin zoologique de Kisangani pour y recevoir des soins avant un éventuel retour à la vie sauvage.
Dans une cage temporaire, les survivants clament leur liberté à travers des cris perçants. Parmi eux, trois n’ont pas survécu, brisés par des jours de détention inhumaine entre les mains de trafiquants opérant sur l’île de Kituho, dans le secteur de Walengola Lowa.
« Ces oiseaux sont victimes d’un trafic aussi lucratif qu’impitoyable », déplore Ir Djey Amisi Yatonga, superviseur territorial de l’environnement d’Ubundu, avant de préciser :
« Nous les avons saisis conformément à l’arrêté provincial de mars 2025, qui interdit strictement la capture, la détention et la commercialisation des perroquets gris et verts dans toute la province. »
Cette remise officielle au jardin zoologique de Kisangani n’est pas une première. Mais pour les autorités environnementales, l’opération illustre les défis récurrents de la lutte contre le trafic d’espèces protégées dans les zones reculées, où la pauvreté pousse certains à coopérer avec des réseaux illégaux.
« Nous avons besoin d’un appui logistique, de cages de transit, de formations pour les agents, et surtout d’un meilleur encadrement pour éviter la corruption sur le terrain », plaide Ir Amisi.
Il insiste également sur la nécessité de renforcer la sensibilisation communautaire, en particulier dans les villages riverains du fleuve Congo, souvent ciblés par les trafiquants comme points de collecte.
Le perroquet gris du Gabon, prisé pour ses capacités de mimétisme vocal, est l’une des espèces les plus menacées en Afrique centrale. Selon les experts de la conservation, plus de 90 % de la population sauvage a disparu dans certaines régions du Congo au cours des deux dernières décennies.
La remise des oiseaux au jardin zoologique n’est qu’une étape. Leur réhabilitation exige des soins spécialisés, un isolement des humains, et une phase de réintroduction progressive à leur habitat naturel. Un travail de longue haleine, souvent freiné par le manque de ressources.
Face à la recrudescence du commerce illégal de la faune, les défenseurs de la biodiversité appellent à une action multisectorielle : durcissement des sanctions, surveillance des marchés, coopération transfrontalière, mais aussi promotion d’alternatives économiques pour les communautés locales.
En attendant, les 32 rescapés de Kituho vivent aujourd’hui une seconde chance. Leurs cris résonnent désormais dans le ciel de Kisangani, non comme une plainte, mais comme un rappel de la fragilité de la vie sauvage et du devoir collectif de la protéger.
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