Kisangani : l’AJDDH dénonce la condamnation « arbitraire » de Jedidia Mabela

L’ONG Action pour la Justice, le Développement et les Droits Humains (AJDDH) dénonce la condamnation à six mois de prison de son directeur exécutif, Jedidia Mabela, estimant qu’il s’agit d’un procès politique entaché de graves irrégularités.

L’AJDDH s’insurge contre la condamnation de son directeur exécutif, Jedidia Mabela, à six mois de prison et à 1 500 000 francs congolais d’amende. Dans une déclaration publiée à Kisangani, l’organisation dénonce un procès expéditif marqué par de multiples violations du droit à la défense et une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Selon le communiqué, le Tribunal de paix de Makiso-Kisangani aurait conduit la procédure dans des conditions opaques : instruction incomplète, absence de confrontation entre l’accusé et la partie plaignante, abus de la procédure de flagrance et pressions extérieures sur les juges. « Le procès s’est déroulé sans publicité et la partie plaignante avait même annoncé la condamnation avant le verdict », déplore l’organisation.

Poursuivi pour diffamation et propagation de faux bruits, Jedidia Mabela est accusé d’avoir commenté dans les médias des informations sur la mauvaise gestion de la province de la Tshopo. Mais pour l’AJDDH, ces accusations ne reposent sur aucun fondement. « Jedidia s’est exprimé sur une institution publique, le Gouvernorat de province, qui est une personne morale. On ne diffame pas une institution », précise le communiqué, soulignant que toutes les informations évoquées provenaient de médias fiables.

L’AJDDH estime que cette condamnation est arbitraire et politiquement motivée. Elle a interjeté appel et appelle les autorités judiciaires à garantir une procédure impartiale, à protéger les juges contre toute influence et à assurer la sécurité de l’accusé et de ses avocats. L’organisation affirme que ce dossier illustre la dérive inquiétante d’une justice utilisée pour réduire au silence les voix critiques.

Le 8 octobre, des militants du mouvement citoyen LUCHA et d’autres organisations ont manifesté pacifiquement à Kisangani pour réclamer la libération de Jedidia Mabela. La marche a été violemment dispersée : plusieurs activistes ont été blessés et arrêtés avant d’être relâchés tard dans la nuit. Des témoins indiquent que des groupes de sportifs auraient été mobilisés pour agresser les manifestants.

L’AJDDH condamne ces violences et exige l’ouverture d’une enquête indépendante pour identifier les responsables. Elle appelle également à la protection des défenseurs des droits humains à Kisangani, estimant que « la justice ne doit pas devenir un instrument de persécution politique ».

La Rédaction